Remise des insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérité

À la une Uncategorized Publié le 14 juillet 2025

J’ai eu l’honneur d’être nommé chevalier de l’Ordre National du Mérite et de recevoir la médaille des mains de Monsieur Christian Pouget, Préfet de l’Aude le dimanche 13 juillet 2025 à Alzonne. Retrouvez ci-dessous mon discours prononcé à l’occasion de cette cérémonie. 

Bonjour à tous et merci d’être là pour ce jour important pour moi,

 Je voudrais saluer plus particulièrement Monsieur le Préfet,

Je voudrais également saluer Philippe Marchal, président départemental de l’Association Nationale de l’Ordre National du Mérite,

Saluer mes chers collègues conseillers régionaux et départementaux,

Chers collègues maires, M. le Président de l’AMA,le Maire de Carcassonne, Chers collègues élus,

Je voudrais saluer les porte drapeaux, gendarmerie, pompiers, Présidents d’associations, les entreprises, partenaires, le CMJ, l’équipe enseignante de l’école,

Saluer tous mes amis qui sont venus ce soir,

Chères Alzonnaises, chers Alzonnais,

Avant de commencer, je voudrais remercier tous ceux qui ont donné de leur temps pour que cette soirée soit une réussite : Bernard, Gérard, Jacques, Vincent, Stéphane, l’équipe technique de la mairie, le conseil municipal, les commerçants, Laurent

 Quand on reçoit une médaille, je sais qu’il est de tradition de retracer sa vie et son œuvre, pour remercier ceux qui vous ont accompagné sur le chemin mais aussi montrer combien on le mérite, ce Mérite…

 Je ne vais pas faire ça. D’abord parce que je ne sais pas le faire, j’en ai pas envie, et finalement parce que ça ne me ressemble pas. Parce vous savez tous ici, qui je suis, et globalement ce que j’ai fait… Et puis parce que je trouve que le moment – qui m’honore beaucoup – demande surtout un peu d’humilité… 

Donc, pardon Monsieur le Préfet, Mesdames, messieurs, je ne pas vous refaire l’histoire du jeune joueur de foot, du coach de l’équipe de Carcassonne, de la coupe de France 2000 et 2001, de la mairie d’Alzonne, ni de l’Agglo de Carcassonne ou du Syaden, ni même de mon engagement national au service de la cause intercommunale et en particulier sur la question de l’eau qui, vous le savez tous, est vitale aujourd’hui. 

Ici, ce soir, je ne suis ni le président ni le maire, je ne suis pas l’ancien entraineur ou le fonctionnaire des impôts, non. Ce soir, je suis Régis, « le stratège » pour certains ou Banquétou, pour les plus anciens… Puisque c’est comme ça qu’on m’appelait quand j’étais petit…

C’est de celui-là, de ce petit Banquet, dont j’ai envie de vous parler. Parce que c’est celui qui est fier d’être devant vous aujourd’hui. Et surtout, je suis Fier de rendre hommage ce soir à ceux qui m’ont appris ce qu’était vraiment le mérite.

C’est un joli mot le « mérite », on a tendance à le galvauder aujourd’hui voire à le caricaturer… Mais le mérite c’est un peu l’histoire de ma vie. Et c’est l’histoire de ma famille, comme ça peut être l’histoire de beaucoup de familles d’ici. Donc, je voudrais d’abord rendre hommage à mes grands-parents…

Pépé Banquet et mémé Banquet, Henri et Rosa, qui ont trimé dur toute leur vie. Des gens généreux et dévoués aux autres, dont la table était toujours ouverte. Certains anciens doivent encore se rappeler les repas ou autres fêtes à Cayrol. C’est à eux que je pense aujourd’hui :

 

Mon grand-père Henri, c’était homme engagé.  

En 1936, il est des premiers grévistes du Front Populaire. Ce qui lui a valu d’être licencié sans préavis par le patron. C’était comme ça à l’époque et il le savait. C’est vous dire le courage qu’il fallait pour se battre pour les autres, se battre pour les droits qu’on considère aujourd’hui comme acquis.

Puis, il y a eu la guerre, Dunkerque, l’Angleterre puis le retour au pays. Et enfin, la libération. En 1945, Il se relève les manches et reprend avec mon père, le domaine de Cayrol à mi-fruit comme on disait à l’époque. C’est-à-dire que vous travaillez, vous avez droit à la moitié de la récolte et le propriétaire, sans rien faire, gardait le reste. Cayrol c’est là que je suis né. Et c’est avec Pépé Banquet que j’ai shooté dans le ballon la première fois.

 

 

Rosa, sa femme. C’était la patronne.

Il bossait, elle commandait. Mais, bien sûr, elle bossait aussi, dur, très dur, pour élever trois garçons, à la maison, à la ferme, à la vigne, aux champs… C’était pas une femme qui comptait ses heures. Et son amour et sa douceur non plus… On passait des heures tous les deux…

J’ai appris plus tard qu’elle aurait adoré faire des études : elle voulait devenir journaliste, elle avait même été reçue au concours à la Dépêche, mais son père en avait décidé autrement. Là aussi c’était une autre époque.

 

Et d’un côté, il y avait les Banquet, et de l’autre il y avait les Escarguel. Mes grands-parents maternels.

Pépé Pierre et mémé Rose. Alzonnais dès les années 30, même si Rose était d’origine catalane. C’est peut-être à cause d’elle que je peux avoir le sang chaud… Parfois. Je dois avouer que je garde plutôt dans ma mémoire d’enfant, la figure de Pierre, mon grand-père. Je passais beaucoup de temps avec lui, à l’établi de cordonnier, au jardin, à la pêche…il m’a beaucoup appris, il aurait rêvé être instituteur…

Lui la vie ne l’avait pas épargné : il était orphelin de père, élevé par sa mère seule. C’était pas facile tous les jours… Alors il s’est bagarré. Pour vous dire comme c’était dur et comme étaient les choses à l’époque : lorsqu’il a annoncé à sa mère qu’il voulait épouser Rose – qui était fille d’un régisseur – elle lui a répondu : « I pensas pas, manjan de confitura amb cada repais » « tu n’y penses pas, ils mangent de la confiture à tous les repas… ». Sous entendu, c’est des riches, ils ne te voudront pas.

Voilà à quoi se mesurait la richesse à cette époque, ça a bien changé…

 Pierre, il aurait sans doute pu faire de belles études, mais la famille n’avait tout simplement pas les moyens. Il voulait être instituteur, il est devenu cordonnier, ce qui ne l’empêchait pas d’être un intellectuel : il lisait beaucoup, il était musicien aussi, et jouait de l’orgue à l’Église les dimanches et de son harmonium pratiquement tous les jours.

Mais ce qui m’a marqué chez lui, c’est qu’il tenait absolument à m’apprendre le patois : « l’occitan c’est le latin du pauvre ». Il avait raison. Car quand on parle occitan, on sait écrire français et on ne fait pas de fautes d’orthographe…

Il me disait aussi : « Rappelle-toi, à l’école, vous avez tous le même devoir, mais aucun la même note… et dans la vie, on ne retient que celui qui a la meilleure note » Pourquoi je vous parle longuement de Pépé Pierre… Tout simplement parce que c’est lui qui m’a appris beaucoup et particulièrement la fierté du travail bien fait.   Le sens du mérite.

Henri, Rosa, Pierre et Rose, Voilà des gens méritants, comme on dit. Évidemment, ils ont élevé leurs enfants dans cet esprit, qui était aussi l’esprit et le sens de la République. Je veux parler de mes parents, bien sûr.

Mon père, Roger… il a commencé à travailler à 13 ans. Agriculteur, viticulteur, un homme dur à la tâche, dur au mal, lui aussi. Quelqu’un que je n’ai jamais entendu se plaindre ni se fâcher. Un homme de caractère, pas toujours facile à vivre, on va se le dire, on est entre nous, c’était pas toujours simple avec lui … Mais c’est quelqu’un à qui je dois ma passion pour le foot et surtout ma réussite. C’est lui qui m’a porté, transporté sur tous les terrains de France et de Navarre.

Et il trouvait toujours quelque chose à dire, à me reprocher. Pas assez bon, pas assez vite, pas assez… jamais un compliment…toujours dans l’exigence d’aller plus loin, plus haut, plus fort. Je suis un peu comme ça aussi… Au passage, il était aussi très doué sur les chiffres, et avait une mémoire exceptionnelle, dont j’ai hérité. Ça m’a été très utile que ce soit aux impôts ou aujourd’hui en politique.  

Reste Simone… Ma mère. C’est ma référence…

C’est Celle qui m’a tout donné, un amour sans borne. Elle aurait tout sacrifié pour moi. Et pourtant on n’avait pas beaucoup à la maison… Je ne me plains pas, j’étais très heureux, mais je sais que mes parents se privaient de viande pour que j’en ai, moi, dans l’assiette. Et cette image ça vous marque à vie. Ça vous évite de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas.

 Simone, c’est la femme qui m’a élevé et qui est repartie travailler quand mon père est tombé malade : c’était une sacrée bonne femme, une sacrée personnalité, vous le savez tous ici. elle est devenue la première femme facteur du département de l’Aude. Pardon, « factrice », je sais qu’elle y tenait.

Quelques années plus tard, elle a pris la direction de la caisse locale de Groupama, les mutuelles agricoles à l’époque. C’est un temps où on ne s’assurait pas chez Groupama, on s’assurait « chez Simone ».

Voilà une femme qui se levait à 5 heures du matin pour aller à la poste, qui terminait à 21 ou 22 heures le soir avec Groupama et qui s’occupait en même temps de sa famille. Elle faisait littéralement « bouillir la marmite », au sens propre comme au sens figuré…

 Mes parents m’ont poussé, que ce soit pour les études ou pour le football. Ils m’ont poussé à être exigeant avec moi-même et à me donner aux autres. Servir les autres, pour Simone, ce n’était pas un vain mot, c’était son ADN. Elle me l’a transmis.

 Alors, vous voyez, ce soir, on parle de mérite. Mais le mérite,    c’est eux. Le dévouement, l’opiniâtreté, les valeurs, l’honneur, c’est eux.

J’aurais pu vous parler d’autres personnes qui ont compté, comme mes instituteurs quand j’étais petit, un de mes entraîneurs à Toulousequi m’a particulièrement marqué, mais ce serait trop long

 Bien sûr, il en manque une… Et je ne peux évidemment pas terminer ce discours sans vous parler de Pascale, la femme qui partage ma vie depuis quarante ans et qui me supporte à tous les sens du terme. Parce qu’il faut vivre avec un entraineur de foot, avec un Président d’Agglo ou un maire, avec ses humeurs, ses doutes, ses absences. Et elle a toujours été là, même quand c’était difficile, et même surtout quand c’était difficile.

 Je sais qu’elle ne va pas aimer que je parle trop longtemps d’elle, donc je vais arrêter là. Mais, Pascalette, c’est à toi que je pense le plus ce soir. Que de chemin parcouru depuis 40 ans… Et je veux te dire que sans toi, ce chemin, je ne l’aurais pas fait et je ne serai pas ce que je suis aujourd’hui.

Je pense aussi, évidemment à mes enfants, Charles et Lise, Chloé ma belle fille, et à mes 3 petits-enfants… Je sais que je vous ai parfois manqué. Parfois même, j’étais là, mais je n’étais pas là parce que mes pensées étaient ailleurs / mes responsabilités. Mais vous êtes ce que j’ai de plus précieux, Parce que ma force je la puise là, essentiellement, je la puise dans ma famille.

 Je l’ai aussi puisée aussi dans mes amitiés. L’amitié est un des plus beaux mots de la langue française, et je remercie tous mes amis d’être présents ce soir. C’est aussi une grande force d’être aussi bien entouré…

La force, je la puise aussi dans les équipes où j’ai pu évoluer comme dans celles que je pilote aujourd’hui. Avec toujours, une règle : à plusieurs, on est toujours plus fort que tout seul ! le collectif, pour moi, c’est la base de toute réussite.

Je vois ce soir des visages qui savent de quoi je parle. Je voudrais vous remercier tous, remercier ma famille, mes amis, mon conseil municipal, tous les maires et autres élus pour le soutien que vous me témoignez tous les jours, sans oublier toutes les équipes que je pilote, à la mairie, à l’Agglo, au Syaden, mes plus proches collaborateurs, et surtout collaboratrices, car je suis entouré de beaucoup de femmes…

Voilà, je termine… Mais ce soir je voulais vraiment vous parler de tous ces gens, qui, j’estime, ont finalement plus de mérite que moi.

En tout cas, ils ont fait de moi ce que je suis. Et cette médaille (elle est peut-être sur ma veste), c’est la leur ! Henri, Rosa, Pierre, Rose, Roger, Simone et Pascale, c’est la vôtre.

 Alors, un très grand merci à tous ceux qui ont pensé que je méritais cette distinction, en particulier vous M. le Préfet et Mme la Ministre de l’écologie, Mme Agnes Panier Renacher.

 Pour conclure, je voudrais vous faire passer un message : on vit dans une société où les gens ne veulent plus être utiles, ils veulent être importants. Moi je crois qu’il faut d’abord être utile. Comme disait Simone : « il faut savoir donner, pour pouvoir recevoir ». 

Alors donnons de nous, battons-nous pour le collectif, soyons utiles.

C’est tout ce que je nous souhaite pour demain.

Remise Insignes Chevalier ordre Merite  

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